samedi 22 octobre 2016

Ne passons pas à coté des choses simples


                                             L’éloge d’une saucisse.

                                              Herta en l’occurrence

                        Ou, Ne passons pas à coté des choses simples.



   J’en conviens un brin d’humour  pour traiter de ce qui va venir, mais  pourquoi pas !

  La marque Herta a basé dés 1985 toute sa pub sur la notion d’authenticité , concept fort, centré sur la simplicité .C'est une musique de Pierre Bachelet devenue inséparable de la marque , qui nous appelle vers ce slogan « Ne passons pas à coté des choses simples » de 1985 à 2001, vingt-trois films vont mettre en scène, dans un environnement  naturel, un enfant, accompagné de son grand-père, d'un père ou d'une mère, et découvrant les joies simples de la nature par des rites initiatiques, loin des bruits de la ville et de sa pollution. Avec ce conseil «  Ne passons pas à coté des choses simples ».

  Cette publicité , comme d’autres d’ailleurs est ingénieuse , remarquons au passage que si un publicitaire fait bien son travail , au delà d’une marque il est capable de sublimer la nature d’un message qui va transcender le produit . Je ne sais pour ma part si l’aspect naturel de la saucisse est au rendez vous mais avouons que le message est bluffant.

                 Ou comment L'authenticité-simplicité, est la valeur centrale.

  Dans mon cabinet je reçois de nombreuses personnes pour dépression. Alors dépression , syndrome dépressif , stress , burn out , ou malheureusement autre , je ne vais pas me lancer dans une diatribe  des nosographies , d’ailleurs ces patients n’en ont cure , leur cure à eux c’est d’aller mieux , en trouvant un réel apaisement que la Psychanalyse va leur apporter .

  Qu’est ce que le bonheur ? Parce qu’au final la question essentielle repose autour de cette réflexion. Nous pouvons d’ailleurs l’étendre sur le sens de la vie , et sans avoir la prétention d’être un philosophe de renom , cette question peut être abordée sous le primat du simple bon sens.

  -Pour le philosophe Aristote : L'objet le plus désiré doit être le bonheur considéré comme souverain bien. L'Homme par nature désire donc d'être heureux.

  -Pour Epicure le bonheur dépend en grande partie du plaisir, élément constitutif principal au bonheur. L'Homme doit alors fuir la douleur. Il distingue  plusieurs plaisirs comme ceux du corps (plaisir physique) et de l'âme (plaisir intellectuel).

  -Pour Fénelon les hommes veulent tout avoir et ils se rendent malheureux par le désir du superflu. Le superflu c'est ce qui s'oppose au nécessaire. Fénelon veut montrer par cette phrase que la recherche des choses inutiles constitue pour l'Homme une source de malheur.

   Le désir du superflu, est ce forcément cela la négation du bonheur, n’a t’on pas le droit de désirer, comment définir ce qui relève du superflu ? Par opposition a ce qui est utile ? Ce n’est pas aussi incontestable que cela.

   -Néanmoins combien de fois n’avons nous pas entendu cette ritournelle que dit Antoine fort de ses huit années :  « Papa je veux une glace, tu en as une , oui mais je la veux à la crème , tu en as une maintenant , oui mais je veux de la Chantilly , tu en as , oui mais je voudrais des pépites de chocolat … Vous connaissez la suite , Antoine ne sera jamais satisfait , et si adulte il ne quitte ce logiciel de fonctionnement il ne sera jamais satisfait et donnera raison à Fénelon.

 -Néanmoins, il est vrai que malheureusement les épreuves de la vie, comme un deuil, un accident, une séparation  un licenciement, ou simplement un déménagement touchent notre émoi au plus profond créant un désarroi le plus complet.

  Et à ce moment retrouver le goût des choses simples n’est pas aisé, c’est pourquoi la démarche Psychanalytique, elle, a du sens, et est indispensable, en apportant par ses liens associatifs un apaisement.

  - Néanmoins ce slogan «  Ne passons pas à coté des choses simples » où L'authenticité-simplicité, est la valeur centrale, a beaucoup de sens. Savoir simplement apprécier la vie dans son expression la  plus élémentaire.

  Savoir retrouver ces petits moments du quotidien, le matin en se réveillant au lieu de pester lorsqu’il pleut, ne pas passer à coté de ces odeurs que la pluie grasse dégage, et l’été au lieu de pester ce même matin qu’il fait trop chaud, et que la journée va en être pénible, ne pas passer par exemple à coté des lumières qui nous seront offertes.

  Ce repas avec des proches amis ou autre qui semble pénible, il a le mérite d’exister, la solitude ne l’offre pas, effectuer ce trajet que l’on accomplit tous les jours, qui ne propose rien de nouveau, tout est connu, repéré, mais qui fait que l’on a oublié la singularité des sensations qu’il offre.

  A l’aube d’une vie combien regrettent, ces moments éphémères, espaces d’une existence suspendue à un temps atemporel. Si j’avais su, j’en aurais profité plus ! Que ce soit de la présence d’être chers, de moments fugitifs, de « grâces » que les environnements présentent.

  Ne soyons pas dupe , il ne s’agit pas de niaiseries , combien de quotidiens sont laborieux , mais ne pas oublier de passer à coté de ces petites choses simples qui permettent de repositionner que la vie est là , et qu’elle nous offre aussi des plaisirs gratuits à porté de main .

  Le fameux sketch, « Je vais bien tout va bien » est une notoire caricature, les nombreuses thérapies positivistes et comportementalistes qui officient en ce sens sont particulièrement dangereuses, car même si l’ont doit lutter avec des symptômes persistants, ignorer leur réalité et ce sur quoi ils appuient au sein de notre historicité est un dangereux leurre.

  Mais être là présent dans le temps immédiat est complexe. Il faut aider l’homme à savoir se situer dans un temps imaginaire et réel. Le bonheur c’est , savoir profiter du passé qui participe activement au temps présent , savoir que tous, quelque soit notre condition, ici et ailleurs, sommes inscrits dans le temps, et que le temps s’inscrit en nous.

  Comment le temps est-il appréhendé ?

   Du temps qui ne passe pas de l’inconscient à l’acceptation du caractère passager de toute chose ? Le temps signe notre finitude sans aucun doute, et par là-même, nous met surtout en situation de penser et d’agir. Comment le temps vient-il en nous dés la naissance ? Le temps est extérieur et intime. Savoir apprécier le moment présent est très complexe, mais n’est ce pas là aussi une des clefs, une des réponses ?

  Mais le rapport au temps est complexe, trop de temps passé nourri, et c’est l’émergence de la mélancolie, celui à venir d’un fuite désillusionaire , et trop de temps présent exacerbé , celui de la paranoïa  . Le réflexe doit être une vigilance de l’instant, qui tel une thérapie pré-curative permet en maintenant le psychisme en équilibre de redonner du sens.


  Cela nous renvoie à la notion de temporalité celle ci est le plus souvent considérée comme le témoignage d'une cohérence historique et continue du passé, présent et futur. Ce sont les découvertes scientifiques, notamment celles d'Einstein qui ont poussé les philosophes à remanier les  notions d’un temps immuable.


  Aristote considère le temps « extérieur » à l’esprit, celui qui observe le mouvement. Mais ce temps cosmologique externe ne peut être, sans faire référence  au  discernement du temps intérieur, l’instant est  comme un présent vécu. C’est ce qui conditionne le lien entre le temps et le mouvement  Le lien entre cette intelligence (interne) et la définition première (externe) du temps, c’est  l’aporie (difficulté à résoudre un problème) qui nous la permet, aussi nous pouvons considérer qu’il n’y a pas de temps objectif sans un sujet pour le percevoir.

  Et cela notre société consumériste nous le fait oublier.

  Alors quelle est la morale ?

  Ne passons tout simplement pas à coté des choses simples.

  Nous pouvons remarquer combien une digression sur une simple publicité, peut nous autoriser à quelques réflexions que porte cette démarche, qui prouve en l’occurrence que les publicistes pour nous émouvoir savent s’appuyer sur le plus intime en nous. Celui  ci c’est le conscient et l’inconscient, car quand résonne la musique de Pierre Bachelet, automatiquement les associations se créent (chacun se l’appropriant en fonction de ses propres vécus), la musique sait percuter par « résonances » notre mémoire inconsciente activant en nous une réceptivité au message verbalisé que le conscient superpose au vécu du ressenti, ainsi la boucle est bouclée. Le message est subliminal et invectif , quoi de plus efficace !

  Ce slogan je l’utilise souvent au cabinet pour rappeler que la vie peut aussi être appréciée dans sa simplicité, c’est cela qu’il faut expliquer aux parents d’Antoine, s’il veut ne pas passer à coté de son bonheur.


                          “La simplicité est la sophistication suprême.”   Frédéric Chopin.

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1 commentaire:

  1. "La simplicité est la sophistication suprême" est une citation de Léonard de Vinci, pas de Frédéric Chopin

    http://lapausephilo.fr/2015/09/15/simplicite-sophistication-supreme-leonard-de-vinci/

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