dimanche 6 novembre 2011

La vie, un théâtre ? Deuxième Partie


Acte 2 

Scène 1 : L’enfance

L’enfant, globalement à partir de deux ans, a déjà appris à percevoir les différentes sources d’agréments et de désagréments. Il perçoit, sans forcément l’identifier, les jeux dans lesquels on le met, ainsi que les différents rôles qui lui sont dévolus.

Ainsi, au sein de la famille ou de la fratrie, il comprend sans que cela soit conscientisé - et c’est parfois une chance- la partition qui est la sienne. A t-il un libre arbitre ?  J’ai tendance à penser, au vu de ma pratique psychanalytique, que non. L’adulte est décisionnel ; chanceux celui qui a pu bénéficier d’une pédagogie adaptée !

« Qu’est ce qu’il est maladroit ! Il est timide ! Il rougit tout le temps! Sa sœur est meilleure que lui à l’école, mais il travaille, c’est un bon petit ».

Et puis à l’école, dans la cour de récré, les paroles des camarades : « Ah non pas elle ! Elle est collante ! » « Ah Antoine toujours dans la lune, je sais que tu n’as rien écouté vas donc au tableau ! »

«Ton rôle dans l’équipe, sera d’être remplaçant», m’a dit l’entraîneur. Et moi, tout content et fier de ce statut  Ce n’est que plus tard au gré de mon analyse que j’ai  pu comprendre comment mon psychisme a refoulé que c’était une offense, et comment s’est ainsi façonné le rôle du perdant, de loser dans lequel je suis encore .

Ainsi au fil du temps, ON nous met dans des rôles, des jeux que nous n’avons pas choisis. Les plus répandus sont au sein de la famille, ou simplement la place d’ainé ou de benjamin détermine des comportements à notre égard et dans lesquels nous nous façonnons.

Combien me disent : «Cela, je ne peux le changer, je suis né ainsi.» et puis au fil de la démarche psychanalytique, se rendent compte que ce n’était pas un trait de caractère propre,  inné, mais une adaptation névrotique vraisemblablement adaptée à leurs différents exotypes.


Scène 2 : L’adolescence

Dans cet Acte 2 intervient dans le processus de développement une période particulièrement riche et souvent difficile à gérer, l’adolescence.

C’est une profonde période de mutation ; il y en a eu  précédemment, et il y en aura d’autres par la suite, mais celle ci est intéressante sur différents points. Tout d’abord, les modifications morphologiques/physiologiques qui attribuent au corps toutes les fonctionnalités de l’adulte. Nous sommes devenus des êtres pleinement sexués. Cela amène,  définit et ce malgré nous un autre rapport à l’autre. Combien de magnifiques éclosions avons nous pu observer, et combien d’acnés ravageuses, pour ne parler que de cela, avons nous observées ?

Cette évolution physique modifie notre impact sociétal et familial. Certains rôles dans lesquels on nous avait mis disparaissent, se transforment, évoluent, pour certains malgré eux, et pour d’autres, au contraire conscients de certains atours qu’ils vont s’approprier pour les faire évoluer en qualité. Prenons pour exemples le garçon maigrichon qui prend 15 cm en une année, fait de la muscu et change de fait de statut ; ou encore la jeune fille qui était une magnifique petite fille, et qui elle aussi pleine d’acné ne fait plus partie à aucuns endroits des envies et compliments.  J’aurais pu prendre des exemples contraires, il n’y a aucune malice machiste de ma part, ce ne sont simplement que des schémas que j’ai pu observer très répandus.

Je viens de parler des changements physiologiques, l’adolescence c’est au même titre une mutation intellectuelle. Pour faire court, ce qui ressort c’est l’émergence du sens critique, ce que l’on sentait diffusément, confusément  auparavant, maintenant on le pense en verbalisant. Le rôle de l’éducation scolaire est intéressante à observer, car à cet âge qui correspond au collège, début lycée il est demandé à l’élève d’évaluer, d’amener un commentaire. Certains s’y retrouvent pleinement et peuvent ainsi trouver un statut « d’autorité intellectuelle » ce qui va les autoriser à des postures jusque là inconnues, et donc pour certains de changer de rôles d’élève moyen, « il/elle devient intéressant ».

Cette faculté d’observation, de sens critique, maintenant mieux maitrisée permet à cette époque, pour certains, de prendre plus ou moins conscience des jeux et rôles dans lesquels ON nous a mis, malheureusement pas pour d’autres qui ne vont pas pouvoir profiter de cette période pour développer ces facultés. C’est souvent lié à un milieu familial coercitif qui empêche à l’enfant le droit de grandir et de devenir adulte.

Maintenant est-on capable de choix ? Pouvons-nous nous libérer des rôles dans lesquels nous étions enfermé ? Pas si sûr. Certains, par la rébellion, adoptent des postures contraires aux exigences des différentes autorités, mais se trouvent emprisonnés dans des rôles qui ne sont pas des vrais choix, et ce, souvent tout au long de leur vie. D’autres légitiment leur emprisonnement dans ce qu’on leur a demandé d’être par des arguties de façade, ainsi le timide dira que, pétri d’humanité, il ne se met pas en avant pour permettre aux autres leur expression!

Fin de l’acte 2 bientôt acte 3.

                                         

3 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour ces deux articles très éclairant sur beaucoup de points. Je pense qu'il y a beaucoup de choses à développer au sein même de chacune des scènes cela donne des pistes de réflexion très intéressantes. Vivement le troisième acte!

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour toutes ces informations très interessantes. Vous éclairez ma lanternne !

    Bravo pour votre blog !

    Je hate de lire le troisième acte !
    Bonne continuation.

    RépondreSupprimer
  3. Et ben moi ça me va bien comme approche. Un timide pétri d'humanité qui ne se met pas en avant en invoquant l'altruisme? Humm! Les motivations profondes de l'être humain seraient sujètent à caution? En tout cas vaut mieux un timide humaniste qu'un timide agressif. A t-il eu le choix entre ces deux voies?

    PhG

    RépondreSupprimer