dimanche 10 mars 2013


Le complexe du vestiaire.




J’y ai été confronté trois fois cette semaine au cabinet. C’est un réel complexe même un syndrome, au sens où les conséquences en sont multiples tant il est néfaste et nuisible.

De quoi s’agit il ?

Jean-Paul 43 ans sur le divan me dit, mon Père m’a forcé à faire du foot, je n’ai jamais aimé cela, car il fallait se déshabiller et prendre la douche avec les autres. Mon copain Pierre qui était le meilleur buteur se déshabille devant nous, tout de suite après le match et se promène nu dans les vestiaires en nous bizutant. Je me suis toujours douché avec mon slip, tout le monde se moquait de moi, » p’tite bite tu caches ta p’tite bite« … Il avait un sexe énorme ! Du moins je le croyais à l’époque, j’ai toujours eu un complexe d’infériorité à cause de cela, même à ma femme je n’ose pas lui demander si «  c’était bien « 

Martine 32 ans me dit qu’elle n’arrête pas de dire à son mari « : Chéri, mes seins sont comment ? Ils ne sont pas trop petits ? Si ? Mais ils sont fermes non ? Tu ne trouves pas, tu crois que les hommes me regardent sur la plage ?

Et ainsi de suite.

Nous y avons tous été confronté garçons et filles. Cela démarre dés l’école maternelle, mais s’exprime surtout à la puberté.

Que ce soit réellement dans le gymnase ou sur la plage, dans la chambre d’un, d’une amie chez qui je vais dormir.

Comment s’empêcher de montrer, de voir de regarder le plus intime de l’autre ?

Ce moment où l’on se défait de ses vêtements les plus intimes et où la nudité apparaît.

En fonction de l’âge auquel ce moment est vécu va se constituer une structure psychologique qui malgré nous va s’organiser une chaine de comportements positifs ou négatifs.

N’oublions pas l’apport de la Psychanalyse dans la vision et lecture du fonctionnement de la personnalité et de sa construction. Freud dont la pensée que certains réfutent, par peur peut être, a démontré l’importance de la sexualité dans la construction de la personnalité.

La deuxième topique Freudienne nous parle de stade oral , anal , phallique puis génital . Dernier stade d’ailleurs qui est méconnu et sur lequel je reviendrai ultérieurement donner quelques éclairages.

Considérons ces fameuses topiques très simplement comme des représentations topographiques, ce schéma, dessin qui exprime mieux à lui tout seul que l’ensemble des belles phrases ne parviendraient pas à formuler mieux une idée un fonctionnement surtout.

Quand nous parlons de stade phallique, c’est celui lié à la construction et de l’appropriation de l’identité. C’est le moment du JE. Je suis !

Le moment où l’enfant prend conscience et de sa réalité et de son identité, c’est le stade du miroir Lacanien.

Ce moment où je prends conscience que j’existe que je suis. Cela autorise l’enfant à sortir des stades précédents et notamment du stade anal ou tout est confondu, tout est dans tout, d’ailleurs observez autour de vous ceux qui sont restés à ce stade au delà du fait qu’ils sont rigides, obsessionnels, très méticuleux, ce sont des personnes qui utilisent toujours le nous, le on , mais jamais le je . Je pense, j’existe, je propose, cela ne fait pas partie de leur vocabulaire qui ainsi exprime la réalité de leur personnalité. Décidément je suis très Lacanien ce jour !

Pour en revenir à nos vestiaires.

Ce complexe, vous l’avez compris est souché au stade phallique. Je ne vais pas faire un exposé total sur la réalité des stades qui est celui de la théorie de la sexualité infantile, néanmoins il est important de savoir que lorsque la libido apparaît désactivée des objets sociaux, notamment lorsque la sexualité génitale apparait, à savoir menstruation féminine, éjaculation pour le garçon, le stade phallique qui disparaît dans nos topiques vers les 6 ans , est réactivé ainsi que tous les autres stades , c’est le moment l’opportunité de tout « régler » les fixations orales , anales ,phalliques vont pouvoir se désagréger ou pas .

Si cela n’a pas été possible c’est là où la psychanalyse va intervenir, en retournant au plus intime de notre Moi, et grâce à l’abréaction tout réguler.

Donc dans notre vestiaire, que je sois garçon ou fille, nous somme dix à quinze à nous dévêtir, ma pilosité est présente ou peu , mes seins sont développés ou peu , mon pénis est présent , mes testicules sont sorties dans leur enveloppe .

Bref ce moment de l’adolescence où se posent des questions naturelles face à ce corps qui changent que je ne connais plus. Ce moment de l’enfance qui a duré une douzaine d’année subitement à disparu, exit ! Place à ce monde inconnu, celui de l’avenir en devenir !

Nous sommes confronté à l’inconnu, certains profitent d’un frère d’une sœur, d’un cousin, d’une cousine soit pour savoir, soit pour voir.

Voir ! Tout est là l’observation, savoir à travers l’observation comment est l’autre, mon pénis il est pareil, mes seins sont comme mes copines ?

Et c’est là que le complexe peut et va s’organiser, il y a toujours un garçon dont la pilosité est redoutable et dont le pénis affiche une taille impressionnante, une fille pour laquelle la poitrine est manifestement observable.

Bref ce moment intime du vestiaire nous l’avons tous connu.

Malheureusement même les « bien dotés » ne sortent pas toujours indemnes de cette épreuve. Les conséquences ne sont pas de même nature que l‘on soit garçon ou fille, l’égalité des sexes ne fonctionne pas ici.

Pour le garçon la notion de virilité repose uniquement sur la taille du pénis, c’est observable, c’est son organe sexué observable immédiatement de et par l’extérieur. T’as une petite bite ! Et c’est là que tout se joue !

Le garçon a 13 ans, c’est le moment je vous le rappelle où il s’approprie son identité, comme la fille, et lui dire cela …


C’est une petite mort dans sa future vie d’adulte qui va se construire.

Les conséquences sont dramatiques pour lui, pour la fille beaucoup moins.
Personne n’aurait l’idée de mesurer la cavité vaginale, encore moins la taille du clitoris. Heureusement pour les filles à ce moment du vestiaire ce complexe de castration n’existe pas. De comparer la taille de mes seins à ceux des copines, bien sûr mais cela ne remet en aucuns cas la notion de féminité en cause, le reste sera affaire de comportement.

Le garçon qualifié de petite bite verra sa personnalité se structurer autour de cela. Malheureusement nous pouvons les observer autour de nous. Ils sont dominés, écrasés, ou tyranniques exterminateurs comme pour compenser par les comportements les centimètres manquants à leur attributs virils.

Vous le voyez c’est un sujet complexe important qui mérite plus de développement, mais il faut intégrer que ces souvenirs de vestiaires sont des fondamentaux structurants dans notre éducation.




Chacun croit aisément ce qu’il craint et ce qu’il désire.

Jean de La Fontaine.

dimanche 24 février 2013


L’affection parentale est elle partageable ?




Quelle drôle de question, quel vaste sujet, pour lequel je n’ai rarement vu de pensées structurées, ni d’écrits, encore moins d’écrits universitaires.

Alors cela veut dire quoi, un sujet inintéressant, inabordable, voire tabou ?

Détaillons en premier le titre, il dit quoi ?

Est ce que l’affection parentale est partageable ?

Cela veut dire que nous adultes, parents, nous sommes reproduits tel que la nature nous le propose et avons la charge de bébés, d’enfants, d’adolescents. Comment les aimons nous ?

Répondre à cette question c’est bien sûr savoir qu’est ce qu’aimer , et la réponse spontanée aimer c’est tout d’abord s ‘aimer soi même !

C’est un vaste sujet que je vais développer dans d’autres articles, à savoir est ce que l’estime de soi à du sens.

Mon propos ici est de savoir si moi entant que Papa, Maman est capable de développer le même sentiment d’amour à tous mes enfants (désirés ou non)

C’est là où le sujet heurte, blesse, car peut hiérarchiser, l’enfant préféré, ou même dire celui que l’on n’aime pas ?

Cela semble flirter avec la morale. Bien sûr que oui car la morale est sensée se charger de la conduite de nos comportements en nous indiquant le sens que ceux ci doivent avoir.

Le problème pour elle, la morale c’est quelle est multiple. Ce qui veut dire que la morale n’a pas de sens, elle n’est que l’aboutissement de la construction intellectuelle d’une société à un moment T.

Alors les enfants s’ont ils aimés ? Et comment ?

Quel amusant déroulement de la notion de partage nous arrivons à la notion d’amour, et surtout d’amour parental.

Que dire ? Eloignons les pathologies qui à elles seules se livreraient à de multiples articles, pour en rester à un quotidien « normatif »

Bien sûr que nous aimons nos enfants tous de la même façon.

Bien sûr que nous avons tous été aimés de la même façon par nos parents.


Quoi que !

Pour exposer ma réflexion, quelques exemples cliniques :


- Mme Y, Lara :

J’étais la dernière pendant 5 ans, jusqu’à l’arrivée des jumeaux. J’étais la petite princesse ma mère m’habillait comme une belle poupée.

Et puis un jour, je suis allée à la clinique et Papa qui m’accompagnait, ma montré en souriant Maman avec deux bébés dans ses bras. A ce moment j’ai su, j’ai compris dans le regard de Maman, que je n’étais plus sa princesse. D’ailleurs cela s’est confirmé de jour en jour. Les bisous, les câlins étaient réservés aux jumeaux, et moi je faisais semblant d’être contente. J’aimais les jumeaux beaucoup, parce que cela faisait briller le sourire de Maman, mais depuis ce jour je n’existais plus.

Ma sauvegarde ?

Mon prénom Papa m’avait donné le prénom de ma Grand Mère , sa Maman , décédée un an avant ma naissance, et qui fait que Maman a fait tant bien que ce peut . Mais c’était perdu fini j’avais perdu l’amour de Maman.


- Mr J Xavier :

Mon frère ainé trois ans de plus que moi réussissait tout, à l’école, au sport, il était au rugby toujours a marquer, Papa attendait tous ses résultats scolaires, les bulletins l’enthousiasmaient. Maman s’occupait de Coralie ma petite soeur, que j’adorais, mais Maman, le matin ne venait plus ouvrir mes volets en me faisant des bisous, Papa, n’a jamais regardé mes bulletins. J’ai toujours trouvé cela normal, j’étais au milieu je ne demandais rien et je recevais en conséquence pas grand chose. Dans la vie on m’a programmé pour être pas grand chose, j’en suis triste, en colère pourquoi on ne s’est pas occupé de moi, pourquoi on ne m’a pas aimé comme mon frère l’a été, d’ailleurs je suis content, il a tout raté, ses études, sa carrière, son couple.


Mr Hervé.

Ma mère avait 18 ans quand je suis né, elle a toujours dit qu’elle me désirait, mais tout montre le contraire, quand ma petite sœur est née j’avais 10 ans puis mon frère j’ai vu la différence, comment elle était avec eux. Ces bisous, ces câlins je ne les ai jamais connus, mais c’est peut être parce que je ne connais pas mon Père, d’ailleurs Maman ne m’a jamais rien dit sur lui. Je suis une erreur de jeunesses mais cela encore nous n’en parlons pas.

Et ainsi de suite !


Alors aimons nous bien nos enfants ?

Avons nous été bien suffisamment bien aimé ?


Bien sûr qu’il est difficile de répondre à ces questions.

Qualité, quantité, comment hiérarchiser l’amour. Mon, ma chérie je t’adore !

Mais qu’est ce que cela veut dire.


Bien sûr qu’il y a une différence dans l’affection distribuée aux enfants, mais …chut !
C’est un tabou il ne faut pas dire que celui là, celle là, je ne l’aime pas trop !



« L’amour est l’unique révolution qui ne trahit pas l’homme. »

Jean Paul II.

dimanche 27 janvier 2013


                                     





                                         Superstitions.





Pourquoi ce sujet ?

Je suis constamment confronté au cabinet à cela. Je ne suis pas superstitieux mais, je fais attention … A quoi, euh non à rien, simplement je prends des précautions.

Du matin au soir du croyant au plus athée il semble que le monde de la superstition se superpose à la vie laïque courante.


Que disent les dictionnaires quant à la superstition ?


 - Croyance à des influences surnaturelles qui sont lisibles comme des présages , dans les gestes anodins de la vie quotidienne .

  • - Forme élémentaire et particulière des sentiments religieux consistant dans la croyance
  • à des présages tirés d'événements matériels fortuits (salière renversée, nombre treize, etc.).
  • Préjugé et pratique des gens superstitieux.
- Attachement exclusif, exagéré ou non justifié, à quelque chose : Avoir la superstition du passé.

    1. - Sentiment de vénération religieuse, fondé sur la crainte ou l'ignorance, par lequel on est
  • souvent porté à se former de faux devoirs, à redouter des chimères, et à mettre sa confiance dans des choses impuissantes.
  • La piété est différente de la superstition ; soutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire. [Pascal, Pensées.

- Vain présage que l'on tire d'accidents purement fortuits. Il y a de la superstition à croire qu'une salière renversée présage un malheur. »

C’est un sujet tabou, délicat et conflictuel.

Car en fonction des sociétés, des religions, des cultures humainement acceptées ou non, déterminer de ce qui relève de la superstition est très délicat. Nous avons à nouveau des résonnances avec le domaine de la morale. Cela voudrait il dire que seul l’athée est préservé ? Non bien sûr, un communiste accompli peut craindre des foudres, par manquement à un comportement conforme au système.

La question qui se pose à nous quant à ce sujet est la notion de normalité, vous me direz comme toujours. Faire un signe de croix machinalement, se faire craquer les doigts, ne pas passer sous une échelle, ne pas mettre le pain à l’envers, attention au chat noir (à propos que sont les Maitres de ces pauvres animaux) qu’est ce qui relève de la normalité ?
Il était d’usage dans notre société judéo-chrétienne d’avoir jusqu’à récemment une pratique religieuse, s’exprimant par exemple par un rituel d’une prière au divin à différents moments de la journée. Est ce que cela relève de la superstition ?
Ce qui va relever de la superstition va s’organiser à partir du moment ou ce rituel est interrompu, lorsqu’il n’a pas pu avoir lieu. Que va t’il se passer si je n’ai pas pu répondre aux obligations qui m’ont été proposés ou que je me suis imposé ? Une grande incertitude, portée par une grande interrogation, ai je mal fait ? Et si oui que va t’il m’arriver ?
Vraisemblablement une grande punition à la hauteur de mon obscurantisme !

Nous voyons que tous les cas cela relève d’une autorité supérieure qui ordonne, agence notre quotidien. Alors déplaire à cette autorité supérieure que risquons nous ?

Tout. Cela dépend bien sûr de notre libre arbitre de notre éducation intellectuelle

Le domaine qui me préoccupe est celui qui relève de la pathologie, la superstition en fait partie.

Quand un individu tombe dans un état excédant considérablement la superstition commune à sa culture, nous pouvons considérer qu’à ce moment il s’agit de pathologie.
A partir de ce stade vont s’organiser différents stades, le premier immédiat qui touche à la superstition est la paranoïa.
Cette paranoïa superstitieuse va organiser un certain nombre de tocs, sensés rassurer quand à l’équilibre vital de notre existence.
Imaginons donc cet individu que nous connaissons si bien c’est nous , notre conjoint ,notre famille , nos amis , nos relations , que va t’il faire se réassurer en calant l’autorité supérieure sensément invoquée .
Pour certains cela passe par des bougies auxquelles sont confiées des vertus , pour d’autres ce sont des gri-gris plus ou moins ritualisés , pour certains ce sont des gestes , des attitudes , des manies , tout cela sensé caler la fureur d’un supérieur non satisfait .

Les Grecs nous avaient doté d’un Olympe, au moins cela avait le mérite de poser les interlocuteurs mais nous pauvres humains laïques, il ne nous reste que l’intelligence !

Mais finalement n’est ce pas cela le sens de la vie ?














4