L’habit ne fait pas le
Moine ? Ou comme une idée d’erreur.
« L’habit
fait bien le moine ! »
Cet
article préfigure un écrit plus important à venir dans d’autres espaces.
Ce
fameux adage, l’habit ne fait pas le moine, combien de fois l’entendons nous ou
même l’utilisons nous. Et il y en a d’autres comme par exemple les
cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.
Notre langage populaire ou littéraire est parsemé
de ces références qui malheureusement parfois font office d’autorité mais aussi
fâcheusement de vérités.
« Le poids des mots » comme
l’utilise une célèbre publicité possède une réelle force. Ainsi signifier par
des mots un état de la réalité permet de se repérer. Mais qualifier une
abstraction pour lui assurant la force du concept la faire devenir une réalité
ne reposant que sur son propre pratiquât, présupposant ainsi d’une réelle légitimité,
est très dangereux.
"Parlez parlez, il en restera toujours quelque
chose", et bien à force de circuler, le dicton devient comme une réalité. C’est
d’ailleurs ainsi que se développent tous les principes des rumeurs.
Pour en revenir au notre :
« l’habit ne fait pas le Moine », Nous en comprenons tous qu’il ne
faut pas juger les gens selon leur apparence. Je vais en faire un rapide retour
dans l’histoire, mais ce n’est pas tant l’historicité qui m’intéresse, mais
plus le fait qu’il s’agisse d’un
présupposé dévoyé qui finalement génère plus de conséquences que l’on ne
l’imagine.
Et cela par le fait que certains considèrent
que l’apparence est un non choix, et que aussi à partir de cet adage l’autre se
trompe. Faisant d’un dicton relatif, comme un principe de vie quasi
philosophique, du genre « je suis comme je suis, peu importe si mon apparence ne convient pas ».
Dans l’histoire, de façon commune pour nos
ancêtres l'habit était le signe extérieur de leur rang social. L’appartenance
sociale était ainsi déterminée par ce code de signification, les métiers , les
titres , rangs et grades étaient signifié de façon observable comme la robe de
bure pour le moine, l’armure ou l’épée apparente pour les chevaliers ou la
noblesse ou la tunique pour le serviteur.
D’ailleurs aujourd’hui nous en avons gardé
les uniformes, qui sont la représentation souvent d’une autorité posée, pour
lui donner une légitimité naturelle. Mais aussi pour souder un groupe comme les
signes d’appartenance. Les uniformes aussi à l’école qui ont pris une autre
signification, ou les francs maçons reconnaissables à leurs gants qui eux même portent
d’ailleurs une autre signification , et leurs tabliers , ou d’autres pratiques
diverses.
Dès lors, il n'était certes pas malin de se
faire passer pour un autre à cette époque.
Nous
pouvons estimer que le premier c’est le
Pape Grégoire qui au XIIIe siècle, dans des décrets du droit canonique qui
n’ont rien de légers et qui accompagnent, règlent et dictent la bonne conduite du corps ecclésiastique et
accompagné de ses ouailles, qui a donné le sens actuellement usité à l’expression.
Dans
"les Décrétales", il écrit notamment : Voulant par conséquent qu'il
soit fait usage, tant dans les procès que dans les écoles, de cette seule
compilation, nous interdisons strictement que quiconque ait l'audace de
procéder autrement sans l'autorisation spéciale du Siège apostolique1. »
Le roman de la rose versifie ce proverbe en soulignant prudemment la distinction entre l'être et le
paraître, Cela n’est il pas amusant ! Nous sommes en pleine Psychanalyse,
ce que j’ai développé dans mon dernier ouvrage qu’est ce que l’Etre
l’inconscient et le Paraître le conscient ! Bien sûr cela n’est pas aussi
simple et je vais le développer en effet.
Mais tenons nous en à : Saint Jérôme qui
en précise le sens en disant: "ce n'est pas à l'habit qu'on reconnaît le
moine, mais à l'observation de la règle et à la perfection de sa vie."
Les moines portent un habit spécial pour
qu’on puisse voir immédiatement leur statut, mais il est possible de revêtir
cet habit pour se faire passer pour un moine.
Il ne faut pas se fier aux apparences. Il ne
suffit pas de se donner un signe extérieur de sagesse pour être sage.
Mais alors l’habit fait il le moine ?
Je propose cette observation en début et en
fin de cure analytique lors des mises en place de l’abréaction et de la perlaboration.
La psychanalyse propose peu de termes barbares, malheureusement ceux la en font
partie.
Tout ce que nous sommes est interprété et interprétable,
de dire « je m’en fiche » en fait principalement partie, celui ci est
la première victime de cet exercice de communication naturel.
Tout est communication, le signifiant et le signifié.
Le conscient et l’inconscient, ainsi que le fond et la forme, tout cela
participe malgré nous et en nous à cet exercice volontaire ou involontaire que parfois la vie offre.
De l’aspect vestimentaire , à ma démarche , ma
coiffure , ma paire de lunettes ou le choix de lentilles de vue , ma voix , ma
façon de parler mon style de déplacement , mes allures d’assurance ou celles où
je pense être faussement assuré , tout est interprété .
Dans l’expression l’habit fait le Moine, ne
faisons pas l’innocent tout entre en lice. Les comportements authentiques ou faussement
joué, admis, qu’ils soient ridicules, conscientisés ou non. Le ridicule d’une
petite voix haut perchée pour simuler la naïveté et l’innocence dont le seul
persuadé est l’émetteur pensant ainsi duper son auditoire.
Nous sommes dans un exercice de com., il y a
donc un émetteur et un récepteur, comme en physique, en fonction des
différentes fréquences, longueurs d’ondes il y a en règle générale un PPMC du
communicable et puis des harmoniques qui ne relèvent plus de l’interprétable
tant les signaux sont faibles, mais surtout de la projection.
Et je le rappelle la projection est tout sauf
juste, elle est fausse ! Elle permet à chacun d’y mettre ce qu’il lui
plait comme pensant y mettre du sens uniquement avec son affect , donnant force
d’explications justificatives , un peu comme le paranoïaque qui raisonne juste
mais sur des prémisses affectives fausses.
Mais je renvoie à la chanson et à mon article
la vie un théâtre, que choisi t’on, et si oui quand ? Et pourquoi laisser
à l’autre nous dépouiller sur l’image que nous souhaitons présenter ?
Et d’ailleurs choisit on ? C’est la
question et la réponse que l’on peut y trouver au sein de toute réelle démarche
psychanalytique. A quel moment choisit on, et quoi ?
Ni ses parents, ni son sexe, ni sa taille, ni
la couleur de ses yeux, ni… et ainsi la liste est longue, notamment des épisodes
ratés et réussis, des carrefours de la vie qui vont déterminer avec ou sans
nous ce que nous allons être et ce que nous sommes devenus.
La notion de déterminisme social chère au sociologue,
ainsi un prolétaire doit s’habiller en ouvrier, ou encore s’il ne
le fait pas , pire il sera le moquerie de certains car ses efforts de
changement seront de mauvais gout. Donc pour certains, chacun à sa place c’est ainsi
beaucoup plus simple ! Déterminisme social que je réfute pensant à la
capacité et propension de l’individu à s’approprier à un moment T cette liberté
de choix dont il a été privé.
Il faut savoir que nous sommes toujours le mauvais
gout de l’autre.
Quel est le code de la beauté et des modes,
qu’il faut interpréter pour présenter l’image qui nous permet de faire passer
un message .des groupes et systèmes dans lesquels j’évolue.
Car le problème est bien là que nous le
voulions ou non l’autre interprète, pire projette sur l’image que nous lui
présentons ou involontairement ses présupposés sur nous.
Cela nous échappe, alors que pouvons nous
choisir ?
Pour rajouter à cette difficulté conscient et
inconscient se superposent en permanence dans ce qui semble relever de ces
choix et pire, il y a comme une sorte d’instinct qui nous fait dire moi j’aime
telle ou telle couleur, mais même celui-ci est il fiable, ou bien cette couleur
entre elle en résonnance avec tel vécu archétypique qui fait écho en
nous ?
D ‘avoir soit disant accès aux codes de
la beauté et des signifiants représentatifs est souvent une illusion, car pour
corser le tout chaque groupe, chaque système à ses propres codes de communication et de représentation. Ainsi à tel endroit, à telle heure en fonction de l’âge
de la taille de l’allure générale, cela fonctionnera pour certains dans certains
systèmes, et pour d’autres non.
Vous le voyez cela est extrêmement complexe. Alors
quelle est la réponse.
La clairvoyance et la lucidité que toute cure
analytique nous apporte , en est une ,car elle nous permet à minima la lucidité
et perspicacité, sur nous , celui que je
suis Moi , cet être intime qui a bénéficié en agrément et désagrément d’éléments
de construction qui semblent être autant de choix .
Savoir discerner en fonction des codes parentaux,
des milieux et systèmes dans lesquels nous évoluons.
En bref, c’et le Moi nouveau qui émerge.
En fonction de notre qualité et aspiration a penser,
se projeter adhérer à tel ou tel univers.
Vous voyez que tout cela est important, celui qui dit « peu importe ma tenue »,
quel dommage, quelle tristesse de se
faire ainsi dépouiller, les autres vont se charger de coller une étiquette !
Celui qui va dire va que cela n’a aucune
importance, nous voyons là qu’il a déjà perdu la main, jouant dans la cour des représentatifs
que l’autre lui attribue. Ainsi certains quoi qu’ils fassent, ne seront jamais écoutés
pris au sérieux, simplement appréciés pour leur réalité.
Cette phase qu’est la perlaboration, est le
moment de la fin de la cure psychanalytique. C’est le moment ou l’analyste
invite l’analysant dans l’ensemble de ses actes et compartiments de vie, à observer
ce qui paraît être un choix dans ce qui reste du possible et ce qui relève du
désir. La perlaboration est endogène lorsque celle ci s‘appuie sur
l’observation l’estimation et la prospective, et ensuite elle devient exogène à
savoir le passage à l’action en posant des actes signifiants, qui font qu’à
partir de ce moment il y a un avant et un après .
C’est à ce moment par exemple que le timide englué
dans une non com. de timide ou peu de choses lui apparaissent , peut dire , « Je
, Je suis , Je veux » , bien sûr qu’il ne s’agit pas d’égocentrisme , ni
de narcissisme , pour rappel ce raisonnement est intra-cure. C’est ce moment précieux
ou la perlaboration fait émerger par la réalité du comportement l’être nouveau qui
émerge enfin en positon de choix.
Et je rassure il en reste beaucoup, quelque
soit l’âge, et puis n’est ce pas là le stade désinentiel auquel nous avons
le droit d’accéder ?
Mais vous le savez, c’est aussi la même chose
dans les études, jusqu’où et quand avons nous pu choisir, à partir de quand et
jusqu’à quelle classe cela a été possible
et quand nous a t’on dit à non cela ce n’est pas possible, et puis de suite
justifier ou laisser justifier par nos parents, nos éducateurs, qu’une mauvais
orientation est devenue comme un choix. Je
sais que cela peut paraître brutal, mais je le développerai come je l’ai dis
dans d’autres écrits.
Ce trop court sujet : « L’habit
fait le Moine », est une pierre philosophale à l’usage de la philosophie,
notamment sous le primat qu’une lecture enrichit, et autorise. J’ai bien
conscience qu’il ne fait que pointer de façon hâtive quelques pistes de réflexion,
que je reprendrai avec beaucoup plus de développements.
La vie est riche et complexe.
Vraisemblablement que la plus belle leçon que le Vivant nous offre, c'est de
savoir l’apprécier en étant un acteur participatif pleinement ou au mieux
affuté de son identité intime.
Etre pour ne pas paraître dans l’intime de ce
temps que nous comprenons enfin de ce qu’il nous livre.
Tromper
son monde c’est avant toute chose se renier.
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Etre ou paraître: ne choisissons pas. Soyons avec apparences
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