Le
complexe du vestiaire.
J’y
ai été confronté trois fois cette semaine au cabinet. C’est un
réel complexe même un syndrome, au sens où les conséquences en
sont multiples tant il est néfaste et nuisible.
De
quoi s’agit il ?
Jean-Paul
43 ans sur le divan me dit, mon Père m’a forcé à faire du foot,
je n’ai jamais aimé cela, car il fallait se déshabiller et
prendre la douche avec les autres. Mon copain Pierre qui était le
meilleur buteur se déshabille devant nous, tout de suite après le
match et se promène nu dans les vestiaires en nous bizutant. Je me
suis toujours douché avec mon slip, tout le monde se moquait de
moi, » p’tite bite tu caches ta p’tite bite« … Il
avait un sexe énorme ! Du moins je le croyais à l’époque,
j’ai toujours eu un complexe d’infériorité à cause de cela,
même à ma femme je n’ose pas lui demander si « c’était
bien «
Martine 32 ans me dit qu’elle
n’arrête pas de dire à son mari « : Chéri, mes seins sont
comment ? Ils ne sont pas trop petits ? Si ? Mais ils
sont fermes non ? Tu ne trouves pas, tu crois que les hommes me
regardent sur la plage ?
Et
ainsi de suite.
Nous
y avons tous été confronté garçons et filles. Cela démarre dés
l’école maternelle, mais s’exprime surtout à la puberté.
Que
ce soit réellement dans le gymnase ou sur la plage, dans la chambre
d’un, d’une amie chez qui je vais dormir.
Comment
s’empêcher de montrer, de voir de regarder le plus intime de
l’autre ?
Ce
moment où l’on se défait de ses vêtements les plus intimes et où
la nudité apparaît.
En
fonction de l’âge auquel ce moment est vécu va se constituer une
structure psychologique qui malgré nous va s’organiser une chaine
de comportements positifs ou négatifs.
N’oublions
pas l’apport de la Psychanalyse dans la vision et lecture du
fonctionnement de la personnalité et de sa construction. Freud dont
la pensée que certains réfutent, par peur peut être, a démontré
l’importance de la sexualité dans la construction de la
personnalité.
La
deuxième topique Freudienne nous parle de stade oral , anal ,
phallique puis génital . Dernier stade d’ailleurs qui est méconnu
et sur lequel je reviendrai ultérieurement donner quelques
éclairages.
Considérons
ces fameuses topiques très simplement comme des représentations
topographiques, ce schéma, dessin qui exprime mieux à lui tout seul
que l’ensemble des belles phrases ne parviendraient pas à formuler
mieux une idée un fonctionnement surtout.
Quand
nous parlons de stade phallique, c’est celui lié à la
construction et de l’appropriation de l’identité. C’est le
moment du JE. Je suis !
Le
moment où l’enfant prend conscience et de sa réalité et de son
identité, c’est le stade du miroir Lacanien.
Ce
moment où je prends conscience que j’existe que je suis. Cela
autorise l’enfant à sortir des stades précédents et notamment du
stade anal ou tout est confondu, tout est dans tout, d’ailleurs
observez autour de vous ceux qui sont restés à ce stade au delà du
fait qu’ils sont rigides, obsessionnels, très méticuleux, ce sont
des personnes qui utilisent toujours le nous, le on , mais jamais le
je . Je pense, j’existe, je propose, cela ne fait pas partie de
leur vocabulaire qui ainsi exprime la réalité de leur personnalité.
Décidément je suis très Lacanien ce jour !
Pour
en revenir à nos vestiaires.
Ce
complexe, vous l’avez compris est souché au stade phallique. Je ne
vais pas faire un exposé total sur la réalité des stades qui est
celui de la théorie de la sexualité infantile, néanmoins il est
important de savoir que lorsque la libido apparaît désactivée des
objets sociaux, notamment lorsque la sexualité génitale apparait, à
savoir menstruation féminine, éjaculation pour le garçon, le stade
phallique qui disparaît dans nos topiques vers les 6 ans , est
réactivé ainsi que tous les autres stades , c’est le moment
l’opportunité de tout « régler » les fixations orales
, anales ,phalliques vont pouvoir se désagréger ou pas .
Si
cela n’a pas été possible c’est là où la psychanalyse va
intervenir, en retournant au plus intime de notre Moi, et grâce à
l’abréaction tout réguler.
Donc
dans notre vestiaire, que je sois garçon ou fille, nous somme dix à
quinze à nous dévêtir, ma pilosité est présente ou peu , mes
seins sont développés ou peu , mon pénis est présent , mes
testicules sont sorties dans leur enveloppe .
Bref
ce moment de l’adolescence où se posent des questions naturelles
face à ce corps qui changent que je ne connais plus. Ce moment de
l’enfance qui a duré une douzaine d’année subitement à
disparu, exit ! Place à ce monde inconnu, celui de l’avenir
en devenir !
Nous
sommes confronté à l’inconnu, certains profitent d’un frère
d’une sœur, d’un cousin, d’une cousine soit pour savoir, soit
pour voir.
Voir !
Tout est là l’observation, savoir à travers l’observation
comment est l’autre, mon pénis il est pareil, mes seins sont comme
mes copines ?
Et
c’est là que le complexe peut et va s’organiser, il y a toujours
un garçon dont la pilosité est redoutable et dont le pénis affiche
une taille impressionnante, une fille pour laquelle la poitrine est
manifestement observable.
Bref
ce moment intime du vestiaire nous l’avons tous connu.
Malheureusement
même les « bien dotés » ne sortent pas toujours
indemnes de cette épreuve. Les conséquences ne sont pas de même
nature que l‘on soit garçon ou fille, l’égalité des sexes ne
fonctionne pas ici.
Pour
le garçon la notion de virilité repose uniquement sur la taille du
pénis, c’est observable, c’est son organe sexué observable
immédiatement de et par l’extérieur. T’as une petite bite !
Et c’est là que tout se joue !
Le
garçon a 13 ans, c’est le moment je vous le rappelle où il
s’approprie son identité, comme la fille, et lui dire cela …
C’est
une petite mort dans sa future vie d’adulte qui va se construire.
Les
conséquences sont dramatiques pour lui, pour la fille beaucoup
moins.
Personne
n’aurait l’idée de mesurer la cavité vaginale, encore moins la
taille du clitoris. Heureusement pour les filles à ce moment du
vestiaire ce complexe de castration n’existe pas. De comparer la
taille de mes seins à ceux des copines, bien sûr mais cela ne remet
en aucuns cas la notion de féminité en cause, le reste sera affaire
de comportement.
Le
garçon qualifié de petite bite verra sa personnalité se structurer
autour de cela. Malheureusement nous pouvons les observer autour de
nous. Ils sont dominés, écrasés, ou tyranniques exterminateurs
comme pour compenser par les comportements les centimètres manquants
à leur attributs virils.
Vous
le voyez c’est un sujet complexe important qui mérite plus de
développement, mais il faut intégrer que ces souvenirs de
vestiaires sont des fondamentaux structurants dans notre éducation.
Chacun
croit aisément ce qu’il craint et ce qu’il désire.
Jean
de La Fontaine.
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