Pour les présidentielles !
Pour un suffrage capacitaire ! Moi j’ai des convictions !
Suite de
l’article précédent.
Cet
éditorial est la suite de l’article précédent sur le vote capacitaire. Il
s’inscrit dans une série d’autres études qui seront développées ultérieurement.
Comme vous le savez j’aime bien rappeler les
définitions qu’en donnent les dictionnaires en particulier le Larousse qui nous
dit ceci du terme Conviction :
« Etat
d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense ;
certitude : J'ai la conviction que le conflit aura lieu.
Principe, idée qui a un caractère fondamental
pour quelqu'un (surtout pluriel) : Avoir des convictions
politiques bien arrêtées.
Conscience que l'on a de l'importance, de
l'utilité, du bien-fondé de ce que l'on fait ; sérieux : Soutenir un projet avec conviction. »
Comme
je l’ai expliqué, certains, et parfois de nombreuses personnes s’autorisent à
penser qu’elles sont elles mêmes comme « le fruit miraculeux » et donc à ce titre capables d’une élaboration intellectuelle
dont elles ont tout construit par conviction et intelligence, celle-ci bien sûr
dématérialisée de tous contextes.
Ayant
comme par magie acquis une capacité à savoir et à choisir !
Nous
sommes pleinement dans le domaine du subjectif, mais surtout n’oublions jamais
que celui qui est pétri de convictions est celui qui ne sait pas ! Celui
qui doute et qui n’accède pas ! Celui qui n’a jamais accédé à cette phase
réflexive du psychisme qui permet l’élaboration de concepts que l’on essaye de
faire abstraits (définition du concept d’ailleurs).
Déjà
à ce stade de l’élaboration intellectuelle se pose la question des choix prédisposant
à l’élaboration de la pensée.
Ainsi
celui qui aura été élevé, par des parents disponibles aimants et heureux entre eux,
n’aura bien évidemment pas les mêmes référentiels affectifs que celui qui au
contraire n’a pas connu, soit cette configuration parentale, soit au pire un
manque de parent, et aura vécu un manque, ou une sécheresse sentimentale. Le
premier aura gardé de l’enfance un rapport de complaisance à la vie, mais il
n’en sera déjà pas de même pour le second.
De
même il en est analogue au niveau de
tous nos systèmes de perception, nos fameux modèles effecteurs de l’écoute, de
la faculté à l’accès à l’émotion, ainsi qu’à certaines formes plus ou moins élaborées de
l’art par exemple .Car-ceux ci ne sont pas choisis, il s’agit de logiciels comportementaux
qui se construisent à notre détriment, à notre avantage aussi, en toute autonomie,
comme je le dis souvent le timide ne choisit pas cela, il est ! Même si la
plupart du temps, soit il ne s’en rend
pas compte, en souffre sans savoir nommer, ou le justifie comme étant un choix
« j’ai beaucoup d’humanité » eh bien non il est !
Et
pour rappel, que choisit on ? En vérité pas grand-chose, mais seulement en
apparence, cela fera aussi partie d’un autre développement.
Ni
d’être un garçon ou une fille, notre couleur de peau, nos parents, le mode
éducatif qu’ils nous proposent etc.
Donc
affirmer j’ai des convictions … Laisse le Psychanalyste pantois, devant tant de
prétention !
Choisir,
fait partie de mes réflexions cliniques constantes. A partir de quel moment et
sur quels critères peut on déterminer qu’il s’agit d’un réel choix. Quels ont
été les éléments constitutifs qui ont amené
à cela, ou s’agit il d’un conditionnement ignoré ?
Je
le préciserai un peu plus mais l’inconscient qui est structuré par les émotions
et non par le langage, émet en permanence un état émotionnel que nous percevons
peu ou prou, et que certains considèrent comme un état d’esprit ou état d’âme.
Nous
savons comme je l’ai écrit dans mon dernier ouvrage (Changer et Guérir vite
grâce à la Psychanalyse) notamment grâce à la compréhension des grafcets et des
fractales combien nous sommes la résultante plus ou moins réussie de nos
constitutifs.
Et
bien évidemment le rapport sociétal établi dés la plus jeune enfance par le
rapport que nos propres parents nous ont proposé face à l’argent à la société
avec tout ce qui est véhiculé comme la notion de partage de propriété et d’écoute.
Quelque
soit le milieu social aussi pensez vous qu’un enfant unique aura le même
rapport au sociétal que celui d’une famille nombreuse ?
Bien
sûr que non et tout cela préformâte, prédétermine ce que beaucoup pensent être
des choix, pire encore des convictions.
Alors
dire que la conviction est le choix du bête de l’idiot il n’y a qu’un pas bien sûr.
Mais heureusement que l’ordre du subtil et de la nuance intervient.
Mais
face aux quelques pour cent de ce déterminisme, que nous reste t’il face aux aléas de Dame nature, que choisissons
nous réellement ?
La
madeleine de Proust.
Voilà
ce qu’est la conviction. Au niveau psychanalytique c’est effectivement comme
cette fameuse madeleine.
Je
me dois d’expliquer ce que cela signifie sur le plan Psychanalytique. Il s’agit
de ce moment égotiste où la perception intellectuelle se superpose, se confond
à celle émotionnelle. Ces moments précieux, intimes où, par exemple, comme
lorsqu’avec un oncle, une mère, un père, en regardant un film, un coucher de soleil, une
musique, bref tous ces partages pétris d’émotions, ces moments de
« bonheurs » intenses avec un proche, ces moments dans lesquels le
conscient et l’inconscient semblent se confondre, eh bien c’est là que cela se produit !
Comme un espèce de sentiment de vérité mélangé à un intense bien être.
Quand
les associations qui se créent résonnent automatiquement, devenant ainsi un
vécu d’une extrême élaboration et sophistication.
Ce
moment magique ou le conscient s’appuyant sur la perception exotipyque de l’inconscient
est pétri d’un immense bien être qui est perceptible pour une fois par le fait
qu’il est précisément reconnu et même nommé. Ainsi sa simple évocation, dépasse
largement le poids des mots qui le signifie. Sa simple évocation nous remplit
du sentiment de bien être et de bonheur associé. Son évocation simple dans le présent permet l’émergence et du bien
être porté, ainsi que des valeurs attribuées à l’instant de ce passé.
Le
message en plus d’être, est aussi subliminal et inventif. Quoi de plus efficace !
Ainsi
la Madeleine de Proust c’est cela, rien de plus, mais quelle puissance !
Et
pour beaucoup au niveau des convictions cela fonctionne ainsi. Combien de
moments de plénitude, cette belle parole de reconnaissance à la recherche de
laquelle nous sommes en permanence. Vous le voyez les pièges dans lesquels cela
nous fait tomber ! Et si ce grand père, cette enseignante qui développe
ces moments de plénitude se trompaient ! Et bien je vous garanti que notre
psychisme par le refoulement ne voulant pas altérer cette perception d’agrément
ne voudra pas l’entendre.
Ainsi
de nombreuses convictions reposent uniquement sur de prémisses affectives
fausses que l’on ne peut ou ne veut reconnaître. Comme le fameux paranoïaque
qui raisonne juste, mais sur des prémisses affectives fausses.
Ainsi,
nous sommes construits tous avec nos propres madeleines, et nous en avons besoin,
ce sont elles qui sauront nous rassurer, notamment dans des moments de détresse,
de perte de repères. Mais sachons aussi nous protéger des illusions qu’elles
portent et aux confusions vers lesquelles elles peuvent nous conduire.
Mais
il faut préciser que ce que l’on nomme la conviction, entretient une relation ambiguë
avec la réalité et la vérité. Ne sommes nous pas toujours sûrs d’avoir raison,
ou peut être alors, sommes nous tel le sage qui trace le sillon avec humilité. Par
rapport à la notion de vérité nous pouvons même esquisser qu’il peut y en avoir
deux celles qui seraient provisoires tels que et celles qui seraient éternelles
telles que.
-Alors si la vérité se nourrit de valeurs
existerait il des bonnes ou mauvaises convictions ?
-Et l’intime conviction que vaut elle, est elle plus ressentie que réfléchie ?
Il
faut savoir, et c’est ce qu’apporte la psychanalyse à la philosophie, que le
Moi pensant n’est pas seul. Notre psychisme est en permanence sous le primat
des pôles conscients et inconscients et que ce qui apparaît comme état de la pensée pure n’est souvent que
l’expression d’un état d’affect que
l’inconscient introjecte dans la sphère psychique de la pensée.
Ainsi
lorsque nous animons ou vivons une réunion, en fonction de l’état d’affect dans
lequel se trouve l’animateur celui ci adoptera une position défensive s’il est
sous le primat dépressif, d’une allure offensive s’il est en phase paranoïaque,
ou d’une prudence s’il est sur le primat de la peur, d’une posture guerrière de
conquête s’il est en phase maniaque Et cela je le l’illustrerai dans d’autres
contributions.
Jamais
notre pensée ne peut se départir de l’état d’affect global, ponctuel, ou
partiel.
Alors
notre pensée est obligatoirement relative, elle est sous le primat de notre
affect et sous celui de notre appartenance d’historicité.
Ce
que démontre la psychanalyse c’est que la pensée érigée à l’état d’idée pure
est un leurre, elle est toujours matinée, empêtrée de l’affect qui sous tend.
C’est
un peu comme ces personnes qui lorsque l’on demande à quoi penses tu ?
Répondent à rien ! Bien sûr que si,
elles pensent toujours ! Le psychisme est toujours en activité, il fonctionne
par la pensée et la sensation de l’émotion.
D’ailleurs
et je vous renvoie sur mon dernier livre, l’émotion peut être refoulée, celle
ci obéit dans ce cadre au différents strates du refoulement j’en identifie au
moins trois, et donc parfois l’émotion peut ne pas être ressentie réellement ou
pleinement mais elle est toujours là !
Ce
qui revient à dire que la pensée pure n’existe pas, et qu’il faut une certaine
connaissance et maitrise de Soi ainsi que d’humilité pour arriver à développer des
concepts avec suffisamment d’objectivité.
Cette
neutralité est d’ailleurs ce à quoi prétendent les Psychanalystes lors de leur
formation, la fameuse analyse didactique, dont l’essentiel but tel le Graal est
de parvenir à la maitrise de la neutralité bienveillante pour la maitrise du
contre-transfert.
Donc
pour en revenir à nos convictions, et surtout pour notre bulletin de vote. N’oublions
pas que les convictions sont souvent l’adage du doute. Celui de la réassurance.
Que souvent et malheureusement, les personnes psychorigides, les dépressifs,
les pervers et j’en passe sont pétris de convictions.
Cela
les rassure, car celles ci bernant l’éveil de la pensée à d’autres référents,
évitent l’expérimentation hors des sentiers battus, qui en l’occurrence ne sont
que des parcours de vie que l’on connaît et qui nous rassurent.
Ceux
qui ont lu mon livre savent combien la
PAR que j’enseigne est pétrie des apports de Ferenczi à la psychanalyse et dans
les contributions de celui ci à travers les matrices de croissance nous pouvons
observer l’importance fondamentale de l’adaptation.
Savoir
s’adapter serait l’expression de l’intelligence ? Peut être, mais c’est un
peu plus complexe. Mais ne pas en être capable, faire croire que l’on s’adapte
alors qu’en réalité on singe par mimétisme ou que l’on fait semblant d’adopter
des codes sociaux et bien , non seulement au delà que cela sonne faux car cela
se voit , c’est souvent les prémisses de la schizophrénie !
Alors,
je ne vais pas bien sûr expliquer que la démarche analytique nous éclaire sur
ce que nous sommes, qui je suis moi, cette partie méconnue mais tellement
intime tellement su en Moi, et surtout qui a toujours été là ! Celle qui nous
aide bien lorsqu’il y a des choix à faire, des choix nouveaux notamment.
Alors
les convictions , pourquoi pas , histoire d’avoir comme un fanion , un repère
très relatif du moment , permettant ainsi d’exprimer une idée un comportement
pétri d’affects , n’en déplaisent à ceux qui ne jurent et ne tiennent que grâce
à ces fameuses convictions.
Alors
surtout par pitié à ce moment ne votez pas par « conviction »
obligatoirement comme celles de votre conjoint ou vos parents, ou volontairement
et systématiquement à l’opposé de ceux ci.
Surtout savoir profiter de notre faculté d’adaptation dans ce paysage
que le politique nous offre actuellement.
La
république nous offre cet exercice d’un essai de repli intime, savoir ce que notre
intime souhaite d’une société idéale dans laquelle l’utopie nous autorise à la
projection.
Laissons à ce moment un peu de libre arbitre, du vrai celui qui mâtiné
au gré de l’utopie , de notre historicité , de nos affects identifiés , saura
dégager, déterminer un sens, du sens !
Alors
ne passons pas à coté de cette grâce républicaine, réfléchissons et votons … et
…Bien surtout !
“Si la certitude est plus
apaisante, le doute est plus noble.” Voltaire
Lien vers mon livre : http://guerir-vite-grace-a-la-psychanalyse.fr/