samedi 29 avril 2017

Pour le second tour des présidentielles (suite au premier article)

          
                                             Pour les présidentielles !


                      Pour un suffrage capacitaire !  Moi j’ai des convictions !

                                               Suite de l’article précédent.


 

  Cet éditorial est la suite de l’article précédent sur le vote capacitaire. Il s’inscrit dans une série d’autres études qui seront développées ultérieurement.

  Comme vous le savez j’aime bien rappeler les définitions qu’en donnent les dictionnaires en particulier le Larousse qui nous dit ceci du terme Conviction :

« Etat d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense ; certitude : J'ai la conviction que le conflit aura lieu.
  Principe, idée qui a un caractère fondamental pour quelqu'un (surtout pluriel) : Avoir des convictions politiques bien arrêtées.
  Conscience que l'on a de l'importance, de l'utilité, du bien-fondé de ce que l'on fait ; sérieux : Soutenir un projet avec conviction. »


  Comme je l’ai expliqué, certains, et parfois de nombreuses personnes s’autorisent à penser qu’elles sont elles mêmes comme « le fruit miraculeux » et donc à ce titre  capables d’une élaboration intellectuelle dont elles ont tout construit par conviction et intelligence, celle-ci bien sûr dématérialisée de tous contextes.

  Ayant comme par magie acquis une capacité à savoir et à choisir !

  Nous sommes pleinement dans le domaine du subjectif, mais surtout n’oublions jamais que celui qui est pétri de convictions est celui qui ne sait pas ! Celui qui doute et qui n’accède pas ! Celui qui n’a jamais accédé à cette phase réflexive du psychisme qui permet l’élaboration de concepts que l’on essaye de faire abstraits (définition du concept d’ailleurs).

  Déjà à ce stade de l’élaboration intellectuelle se pose la question des choix prédisposant à l’élaboration de la pensée.

  Ainsi celui qui aura été élevé, par des parents disponibles aimants et heureux entre eux, n’aura bien évidemment pas les mêmes référentiels affectifs que celui qui au contraire n’a pas connu, soit cette configuration parentale, soit au pire un manque de parent, et aura vécu un manque, ou une sécheresse sentimentale. Le premier aura gardé de l’enfance un rapport de complaisance à la vie, mais il n’en sera déjà pas de même pour le second.

  De même il en est  analogue au niveau de tous nos systèmes de perception, nos fameux modèles effecteurs de l’écoute, de la faculté à l’accès à l’émotion, ainsi qu’à  certaines formes plus ou moins élaborées de l’art par exemple .Car-ceux ci ne sont pas choisis, il s’agit de logiciels comportementaux qui se construisent à notre détriment, à notre avantage aussi, en toute autonomie, comme je le dis souvent le timide ne choisit pas cela, il est ! Même si la plupart du temps, soit il ne  s’en rend pas compte, en souffre sans savoir nommer, ou le justifie comme étant un choix « j’ai beaucoup d’humanité » eh bien non il est !

  Et pour rappel, que choisit on ? En vérité pas grand-chose, mais seulement en apparence, cela fera aussi partie d’un autre développement.

  Ni d’être un garçon ou une fille, notre couleur de peau, nos parents, le mode éducatif qu’ils nous proposent etc.

  Donc affirmer j’ai des convictions … Laisse le Psychanalyste pantois, devant tant de prétention !

  Choisir, fait partie de mes réflexions cliniques constantes. A partir de quel moment et sur quels critères peut on déterminer qu’il s’agit d’un réel choix. Quels ont été les éléments constitutifs qui ont amené  à cela, ou s’agit il d’un conditionnement ignoré ?

  Je le préciserai un peu plus mais l’inconscient qui est structuré par les émotions et non par le langage, émet en permanence un état émotionnel que nous percevons peu ou prou, et que certains considèrent comme un état d’esprit ou état d’âme.

  Nous savons comme je l’ai écrit dans mon dernier ouvrage (Changer et Guérir vite grâce à la Psychanalyse) notamment grâce à la compréhension des grafcets et des fractales combien nous sommes la résultante plus ou moins réussie de nos constitutifs.

  Et bien évidemment le rapport sociétal établi dés la plus jeune enfance par le rapport que nos propres parents nous ont proposé face à l’argent à la société avec tout ce qui est véhiculé comme la notion de partage de propriété et d’écoute.

  Quelque soit le milieu social aussi pensez vous qu’un enfant unique aura le même rapport au sociétal que celui d’une famille nombreuse ?

  Bien sûr que non et tout cela préformâte, prédétermine ce que beaucoup pensent être des choix, pire encore des convictions.

  Alors dire que la conviction est le choix du bête de l’idiot il n’y a qu’un pas bien sûr. Mais heureusement que l’ordre du subtil et de la nuance intervient.

  Mais face aux quelques  pour cent de ce  déterminisme, que nous reste t’il  face aux aléas de Dame nature, que choisissons nous réellement ?

                                               La madeleine de Proust.

  Voilà ce qu’est la conviction. Au niveau psychanalytique c’est effectivement comme cette fameuse madeleine.

  Je me dois d’expliquer ce que cela signifie sur le plan Psychanalytique. Il s’agit de ce moment égotiste où la perception intellectuelle se superpose, se confond à celle émotionnelle. Ces moments précieux, intimes où, par exemple, comme lorsqu’avec un oncle, une mère, un père,  en regardant un film, un coucher de soleil, une musique, bref tous ces partages pétris d’émotions, ces moments de « bonheurs » intenses avec un proche, ces moments dans lesquels le conscient et l’inconscient semblent se confondre, eh bien c’est là que cela se produit ! Comme un espèce de sentiment de vérité mélangé à un intense bien être.

  Quand les associations qui se créent résonnent automatiquement, devenant ainsi un vécu d’une extrême élaboration et sophistication.

  Ce moment magique ou le conscient s’appuyant sur la perception exotipyque de l’inconscient est pétri d’un immense bien être qui est perceptible pour une fois par le fait qu’il est précisément reconnu et même nommé. Ainsi sa simple évocation, dépasse largement le poids des mots qui le signifie. Sa simple évocation nous remplit du sentiment de bien être et de bonheur associé. Son évocation simple  dans le présent permet l’émergence et du bien être porté, ainsi que des valeurs attribuées à l’instant de ce passé.

  Le message en plus d’être, est aussi subliminal et inventif. Quoi de plus efficace !

  Ainsi la Madeleine de Proust c’est cela, rien de plus, mais quelle puissance !

  Et pour beaucoup au niveau des convictions cela fonctionne ainsi. Combien de moments de plénitude, cette belle parole de reconnaissance à la recherche de laquelle nous sommes en permanence. Vous le voyez les pièges dans lesquels cela nous fait tomber ! Et si ce grand père, cette enseignante qui développe ces moments de plénitude se trompaient ! Et bien je vous garanti que notre psychisme par le refoulement ne voulant pas altérer cette perception d’agrément ne voudra pas l’entendre.

  Ainsi de nombreuses convictions reposent uniquement sur de prémisses affectives fausses que l’on ne peut ou ne veut reconnaître. Comme le fameux paranoïaque qui raisonne juste, mais sur des prémisses affectives fausses.

  Ainsi, nous sommes construits tous avec nos propres madeleines, et nous en avons besoin, ce sont elles qui sauront nous rassurer, notamment dans des moments de détresse, de perte de repères. Mais sachons aussi nous protéger des illusions qu’elles portent et aux confusions vers lesquelles elles peuvent nous conduire.

  Mais il faut préciser que ce que l’on nomme la conviction, entretient une relation ambiguë avec la réalité et la vérité. Ne sommes nous pas toujours sûrs d’avoir raison, ou peut être alors, sommes nous tel le sage qui trace le sillon avec humilité. Par rapport à la notion de vérité nous pouvons même esquisser qu’il peut y en avoir deux celles qui seraient provisoires tels que et celles qui seraient éternelles telles que.

-Alors si la vérité se nourrit de valeurs existerait il des bonnes ou mauvaises convictions ?
-Et l’intime conviction que vaut elle,  est elle plus ressentie que réfléchie ?

  Il faut savoir, et c’est ce qu’apporte la psychanalyse à la philosophie, que le Moi pensant n’est pas seul. Notre psychisme est en permanence sous le primat des pôles conscients et inconscients et que ce qui apparaît comme état  de la pensée pure n’est souvent que l’expression d’un état d’affect  que l’inconscient introjecte dans la sphère psychique de la pensée.

  Ainsi lorsque nous animons ou vivons une réunion, en fonction de l’état d’affect dans lequel se trouve l’animateur celui ci adoptera une position défensive s’il est sous le primat dépressif, d’une allure offensive s’il est en phase paranoïaque, ou d’une prudence s’il est sur le primat de la peur, d’une posture guerrière de conquête s’il est en phase maniaque Et cela je le l’illustrerai dans d’autres contributions.

  Jamais notre pensée ne peut se départir de l’état d’affect global, ponctuel, ou partiel.

  Alors notre pensée est obligatoirement relative, elle est sous le primat de notre affect et sous celui de notre appartenance d’historicité.

  Ce que démontre la psychanalyse c’est que la pensée érigée à l’état d’idée pure est un leurre, elle est toujours matinée, empêtrée de l’affect qui sous tend.

  C’est un peu comme ces personnes qui lorsque l’on demande à quoi penses tu ? Répondent à rien !  Bien sûr que si, elles pensent toujours ! Le psychisme est toujours en activité, il fonctionne par la pensée et la sensation de l’émotion.

  D’ailleurs et je vous renvoie sur mon dernier livre, l’émotion peut être refoulée, celle ci obéit dans ce cadre au différents strates du refoulement j’en identifie au moins trois, et donc parfois l’émotion peut ne pas être ressentie réellement ou pleinement mais elle est toujours là !

  Ce qui revient à dire que la pensée pure n’existe pas, et qu’il faut une certaine connaissance et maitrise de Soi ainsi que  d’humilité pour arriver à développer des concepts avec suffisamment d’objectivité.

  Cette neutralité est d’ailleurs ce à quoi prétendent les Psychanalystes lors de leur formation, la fameuse analyse didactique, dont l’essentiel but tel le Graal est de parvenir à la maitrise de la neutralité bienveillante pour la maitrise du contre-transfert.

  Donc pour en revenir à nos convictions, et surtout pour notre bulletin de vote. N’oublions pas que les convictions sont souvent l’adage du doute. Celui de la réassurance. Que souvent et malheureusement, les personnes psychorigides, les dépressifs, les pervers et j’en passe sont pétris de convictions.

  Cela les rassure, car celles ci bernant l’éveil de la pensée à d’autres référents, évitent l’expérimentation hors des sentiers battus, qui en l’occurrence ne sont que des parcours de vie que l’on connaît et qui nous rassurent.

  Ceux qui ont lu mon livre savent  combien la PAR que j’enseigne est pétrie des apports de Ferenczi à la psychanalyse et dans les contributions de celui ci à travers les matrices de croissance nous pouvons observer l’importance fondamentale de l’adaptation.

  Savoir s’adapter serait l’expression de l’intelligence ? Peut être, mais c’est un peu plus complexe. Mais ne pas en être capable, faire croire que l’on s’adapte alors qu’en réalité on singe par mimétisme ou que l’on fait semblant d’adopter des codes sociaux et bien , non seulement au delà que cela sonne faux car cela se voit , c’est souvent les prémisses de la schizophrénie !

  Alors, je ne vais pas bien sûr expliquer que la démarche analytique nous éclaire sur ce que nous sommes, qui je suis moi, cette partie méconnue mais tellement intime tellement su en Moi, et surtout  qui a toujours été là ! Celle qui nous aide bien lorsqu’il y a des choix à faire, des choix nouveaux notamment.

  Alors les convictions , pourquoi pas , histoire d’avoir comme un fanion , un repère très relatif du moment , permettant ainsi d’exprimer une idée un comportement pétri d’affects , n’en déplaisent à ceux qui ne jurent et ne tiennent que grâce à ces fameuses convictions.

  Alors surtout par pitié à ce moment ne votez pas par « conviction » obligatoirement comme celles de votre conjoint ou vos parents, ou volontairement et systématiquement à l’opposé de ceux ci.

  Surtout savoir profiter de notre faculté d’adaptation dans ce paysage que le politique nous offre actuellement.

  La république nous offre cet exercice d’un essai de repli intime, savoir ce que notre intime souhaite d’une société idéale dans laquelle l’utopie nous autorise à la projection.

  Laissons à ce moment un peu de libre arbitre, du vrai celui qui mâtiné au gré de l’utopie , de notre historicité , de nos affects identifiés , saura dégager, déterminer un sens, du sens  !

  Alors ne passons pas à coté de cette grâce républicaine, réfléchissons et votons … et …Bien surtout !


“Si la certitude est plus apaisante, le doute est plus noble.” Voltaire




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire