lundi 15 décembre 2014

                                        


                                      Présentation d’un rédactionnel.


Celui ci est à   destination d’une diffusion, interne pour les Psychanalystes du CSDPA, et, externe pour les  différents organismes dans lesquels  le CSDPA et l’IFPA interviennent. Néanmoins vu les demandes et l’intérêt que suscite notre approche moderne et dynamique de la Psychanalyse, j’ai souhaité en commencer une diffusion plus large qui va continuer, à travers d’autres articles.

Ce document à pour objet de redéfinir simplement la portée « curative » que la pratique de la Psychanalyse contemporaine autorise. Celle ci est initiée par les apports constamment réactualisés, conceptuels et cliniques, que le CSDPA structure par ses recherches, et que l’on peut retrouver dans le Précis de Psychanalyse Active , qui sera proposé pour  une lecture à un public plus large .

Je proposerai dans les semaines à venir un article complétant celui ci, expliquant les process théoriques et cliniques du CSDPA.


Jacques Rivalin : Président du Conseil Supérieur De La Psychanalyse Active.





                      La psychanalyse est morte… Vive la psychanalyse !


Par Jacques Rivalin (Président du Conseil Supérieur De la Psychanalyse Active) et  Pascal Neveu (Directeur de l’Institut Français de la Psychanalyse Active)


Depuis sa naissance, la psychanalyse n’a cessé d’être critiquée. Dérangeante dans une Vienne qui ne supportait pas qu’un jeune neurologue passé par Paris aborde des sujets sexuels capables de guérir le principal tourment de l’âme de l’époque : l’hystérie. La psychanalyse n’est pas que l’hystérie ou que le sujet sexuel. La psychanalyse est une pratique thérapeutique qui guérit, qui fait sortir de la tourmente nos analysants.
Comment la psychanalyse s’est-elle perdue et corrompue au fil des ans alors qu’elle reste la pratique qui interpelle ce qui ne nous semble pas accessible ? Comment en revenir aux fondamentaux curatifs perdus ?

Dès 1895, Sigmund Freud commence à penser sa solution analytique comme position thérapeutique face aux symptômes de l’époque.
Il est capable de soigner et guérir, partant de ses expériences en hypnose.
Allongé sur le divan, la position allongée facilitant le travail et réduisant les résistances, se livrant aux associations-libres, l’analysant (et non l’analysé) peut plus facilement se concentrer sur l’émergence de souvenirs et de ressentis refoulés, qu’il exprime alors.
L’homme aux rats, l’homme aux loups, le cas Dora… restent des cas cliniques que d’aucun ne peut prétendre ne pas avoir appris les fonctionnements psychiques inconscients qui nous sous-tendent.

Depuis 1950, depuis le repositionnement lacanien de la cure analytique, qui amène à considérer que l’inconscient est avant tout langage, chassant la sphère émotionnelle, oubliant le symptôme qui continue à s’exprimer d’autant plus qu’on lui en trouvera une origine et un sens… mais que devient la psychanalyse ?
Elle s’est pervertie jusqu’à rallonger la durée des cures alors que Freud pratiquait des analyses de moins d’un an (parfois 6 mois), à raison de deux-trois séances par semaine.

La psychanalyse, pratiquée dans ses règles est et demeure une clinique qui guérit !
Comment la psychanalyse guérit-elle ?

Aujourd’hui la psychanalyse est avant tout une méthode analytique moderne qui a pour objet l’efficacité thérapeutique. Cette démarche s’appuie essentiellement sur la recherche et la mise en forme des abréactions. Selon Laplanche et Pontalis, l’abréaction est la « décharge émotionnelle par laquelle un sujet se libère de l’affect au souvenir d’un événement traumatique, lui permettant ainsi de ne pas devenir ou rester pathogène. ». Pour rappel, il n’y a pas d’analyses pleinement achevées sans abréaction, la prise de conscience n’est qu’un moyen d’y parvenir. Une analyse qui atteint une abréaction de « qualité », c’est une analyse thérapeutique, efficace et dans le fondement de ce que Freud a créé : la désintégration des symptômes.

Le revécu émotionnel est au centre du processus analytique. En effet, la meilleure façon de faire échouer une analyse serait de ne s’attacher qu’à l’analyse intellectuelle, c’est à dire consciente, des comportements émotionnels dont on peut retrouver le souvenir sans se mettre en situation de les vivre à nouveau pour en ressentir à nouveau les effets. Sans « ressenti à nouveau » d’une émotion vécue autrefois, il n’est point d’analyse réussie. La psychanalyse ne s’arrête pas au stade de la seule compréhension, elle s’appuie sur une réflexivité certaine du psychisme pour désactiver à son origine l’émergence du symptôme.

La psychanalyse est une démarche heuristique qui place l’analysant pleinement acteur de sa démarche par une transmission de savoir. Les revécus se mettent en place progressivement grâce aux séances de libres associations. C’est ce travail d’alliance entre le savoir de l’analysant et de l’analyste le rassurant, qui permet à l’analysant de trouver cet espace de parole en toute autonomie. Réduire la dépendance à l’analyste tout en conservant la qualité et le rôle du transfert.

Certains pensent que les prises de consciences sont les voies célestes de l’avancement de l’analyse. Ceci est une grave erreur. En effet, les prises de conscience ne sont que des clefs intellectuelles et conscientes permettant éventuellement de produire les abréactions. Combien d’analyses nourries de ces fameuses prises de consciences ne produisent que de des êtres frustrés, après un travail qui n’était malheureusement qu’intellectuel ?

Les différentes techniques d’activation impliquent beaucoup l’analysant dans sa démarche, lui permettant de rechercher systématiquement l’émergence des abréactions. Durant le travail analytique le rôle du psychanalyste est de mettre en place tous les outils et moyens nécessaires pour atteindre cette qualité, réduisant de fait la durée des cures. Freud écrit dans sa technique psychanalytique : « L’évolution de notre thérapeutique se fera donc dans un sens différent - …- vers « l’activité » du psychanalyste ».

En résumé, les fondements de la psychanalyse reposent sur la production symptôme/décharge émotionnelle verbalisée et ciblée par laquelle un analysant se libère de l'affect dérangeant.

L’avenir de la psychanalyse passe par le fait d’en revenir à la vraie forme historique freudienne de la cure : la disparition ou le net apaisement du symptôme. L’analyste en est le catalyseur, l’activateur, l’amplificateur se fixant comme objectifs les abréactions et enfin la perlaboration.
A nous de continuer à travailler sur ces concepts et cliniques qui nous autoriseront à dire et réaffirmer que la psychanalyse a pour vocation de guérir !


Références :
S. Freud : La technique psychanalytique
S. Freud : Abrégé de psychanalyse
J. Laplanche, JB. Pontalis : Vocabulaire de la psychanalyse

J. Rivalin : Précis de psychanalyse active

1 commentaire:

  1. Voilà une définition claire de ce qu'est la psychanalyse. Enfin on parle de clinique, d'émotions. Fini les discours engourdissant et stériles.
    Merci pour cet article vivifiant, revigorant, frais et plein d'espoir.
    J'attend la suite avec impatience.
    PhG

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