Présentation d’un
rédactionnel.
Celui ci est à destination d’une diffusion, interne pour les
Psychanalystes du CSDPA, et, externe pour les
différents organismes dans lesquels
le CSDPA et l’IFPA interviennent. Néanmoins vu les demandes et l’intérêt
que suscite notre approche moderne et dynamique de la Psychanalyse, j’ai
souhaité en commencer une diffusion plus large qui va continuer, à travers
d’autres articles.
Ce document à pour objet de redéfinir
simplement la portée « curative » que la pratique de la Psychanalyse
contemporaine autorise. Celle ci est initiée par les apports constamment
réactualisés, conceptuels et cliniques, que le CSDPA structure par ses
recherches, et que l’on peut retrouver dans le Précis de Psychanalyse Active ,
qui sera proposé pour une lecture à un
public plus large .
Je proposerai dans les semaines à venir un
article complétant celui ci, expliquant les process théoriques et cliniques du
CSDPA.
Jacques Rivalin : Président du
Conseil Supérieur De La Psychanalyse Active.
La
psychanalyse est morte… Vive la psychanalyse !
Par Jacques Rivalin (Président du Conseil Supérieur
De la Psychanalyse Active) et Pascal Neveu
(Directeur de l’Institut Français de la Psychanalyse Active)
Depuis sa naissance, la psychanalyse n’a cessé d’être
critiquée. Dérangeante dans une Vienne qui ne supportait pas qu’un jeune
neurologue passé par Paris aborde des sujets sexuels capables de guérir le
principal tourment de l’âme de l’époque : l’hystérie. La psychanalyse
n’est pas que l’hystérie ou que le sujet sexuel. La psychanalyse est une
pratique thérapeutique qui guérit, qui fait sortir de la tourmente nos
analysants.
Comment la psychanalyse s’est-elle perdue et
corrompue au fil des ans alors qu’elle reste la pratique qui interpelle ce qui
ne nous semble pas accessible ? Comment en revenir aux fondamentaux
curatifs perdus ?
Dès 1895, Sigmund Freud commence à penser sa solution
analytique comme position thérapeutique face aux symptômes de l’époque.
Il est capable de soigner et guérir, partant de ses
expériences en hypnose.
Allongé sur le divan, la position allongée facilitant
le travail et réduisant les résistances, se livrant aux associations-libres,
l’analysant (et non l’analysé) peut plus facilement se concentrer sur
l’émergence de souvenirs et de ressentis refoulés, qu’il exprime alors.
L’homme aux rats, l’homme aux loups, le cas Dora…
restent des cas cliniques que d’aucun ne peut prétendre ne pas avoir appris les
fonctionnements psychiques inconscients qui nous sous-tendent.
Depuis 1950, depuis le repositionnement lacanien de
la cure analytique, qui amène à considérer que l’inconscient est avant tout
langage, chassant la sphère émotionnelle, oubliant le symptôme qui continue à
s’exprimer d’autant plus qu’on lui en trouvera une origine et un sens… mais que
devient la psychanalyse ?
Elle s’est pervertie jusqu’à rallonger la durée des
cures alors que Freud pratiquait des analyses de moins d’un an (parfois 6 mois), à
raison de deux-trois séances par semaine.
La psychanalyse, pratiquée dans ses règles est et
demeure une clinique qui guérit !
Comment la psychanalyse guérit-elle ?
Aujourd’hui
la psychanalyse est avant tout une méthode analytique moderne qui a pour objet
l’efficacité thérapeutique.
Cette démarche s’appuie essentiellement sur la recherche et la mise en forme
des abréactions. Selon Laplanche et Pontalis, l’abréaction est la
« décharge émotionnelle par laquelle un sujet se libère de l’affect au
souvenir d’un événement traumatique, lui permettant ainsi de ne pas devenir ou
rester pathogène. ». Pour rappel, il n’y a pas d’analyses pleinement
achevées sans abréaction, la prise de conscience n’est qu’un moyen d’y
parvenir. Une analyse qui atteint une abréaction de « qualité »,
c’est une analyse thérapeutique, efficace et dans le fondement de ce que Freud
a créé : la désintégration des symptômes.
Le revécu
émotionnel est au centre du processus analytique. En effet, la meilleure façon
de faire échouer une analyse serait de ne s’attacher qu’à l’analyse
intellectuelle, c’est à dire consciente, des comportements émotionnels dont on
peut retrouver le souvenir sans se mettre en situation de les vivre à nouveau
pour en ressentir à nouveau les effets. Sans « ressenti à nouveau »
d’une émotion vécue autrefois, il n’est point d’analyse réussie. La
psychanalyse ne s’arrête pas au stade de la seule compréhension, elle s’appuie
sur une réflexivité certaine du psychisme pour désactiver à son origine l’émergence du symptôme.
La psychanalyse
est une démarche heuristique qui place l’analysant pleinement acteur de sa
démarche par une transmission de savoir. Les revécus se mettent en place
progressivement grâce aux séances de libres associations. C’est ce travail
d’alliance entre le savoir de l’analysant et de l’analyste le rassurant, qui
permet à l’analysant de trouver cet espace de parole en toute autonomie.
Réduire la dépendance à l’analyste tout en conservant la qualité et le rôle du
transfert.
Certains
pensent que les prises de consciences sont les voies célestes de l’avancement
de l’analyse. Ceci est une grave erreur. En effet, les prises de conscience ne
sont que des clefs intellectuelles et conscientes permettant éventuellement de
produire les abréactions. Combien d’analyses nourries de ces fameuses prises de
consciences ne produisent que de des êtres frustrés, après un travail qui
n’était malheureusement qu’intellectuel ?
Les différentes
techniques d’activation impliquent beaucoup l’analysant dans sa démarche, lui
permettant de rechercher
systématiquement l’émergence des abréactions. Durant le travail
analytique le rôle du psychanalyste est de mettre en place tous les outils et
moyens nécessaires pour atteindre cette qualité, réduisant de fait la durée des
cures. Freud écrit dans sa technique psychanalytique : « L’évolution
de notre thérapeutique se fera donc dans un sens différent - …- vers
« l’activité » du psychanalyste ».
En résumé, les
fondements de la psychanalyse reposent sur la production symptôme/décharge
émotionnelle verbalisée et ciblée par laquelle un analysant se libère de
l'affect dérangeant.
L’avenir de la
psychanalyse passe par le fait d’en revenir à la vraie forme historique freudienne
de la cure : la disparition ou le net apaisement du symptôme. L’analyste
en est le catalyseur, l’activateur, l’amplificateur se fixant comme objectifs
les abréactions et enfin la perlaboration.
A nous de continuer à
travailler sur ces concepts et cliniques qui nous autoriseront à dire et
réaffirmer que la psychanalyse a pour vocation de guérir !
Références :
S. Freud : La technique psychanalytique
S. Freud : Abrégé de psychanalyse
J. Laplanche, JB. Pontalis : Vocabulaire de la
psychanalyse
J. Rivalin : Précis de psychanalyse active
Voilà une définition claire de ce qu'est la psychanalyse. Enfin on parle de clinique, d'émotions. Fini les discours engourdissant et stériles.
RépondreSupprimerMerci pour cet article vivifiant, revigorant, frais et plein d'espoir.
J'attend la suite avec impatience.
PhG