Les topiques dans la Psychanalyse .par
Philippe Guilloton .
Il m’a semblé intéressant et important de
publier sur ce blog, un article de mon ami et confrère Philippe Guilloton ,membre et formateur au sein du CSDPA, praticien à Paris.
Cet article est extrait dune formation
interne destinée à nos membres,Psychanalystes praticiens de la Psychanalyse Active , dont il
avait la charge.
Il faut bien sûr lire cette contribution
comme étant celle d’un apport lors d’une
formation et non une publication à destination externe.
Tout le monde parle de la
Psychanalyse !
Chaque jour et pour chacun la
Psychanalyse est présente.
Nous le voyons
particulièrement à travers le vocabulaire que nous utilisons.
Qui n’utilise pas le mot
« inconscient » ? Il est inconscient celui-là ! Mon
inconscient me joue des tours !
Qui n’a jamais lu dans un
article ou dans un roman le mot « surmoi » ?
N’entend-on pas dire à propos
de quelqu’un : « il est psycho celui-là ». Même à l’armée
on utilise ce mot quand un soldat n’arrive pas à marcher au pas :
« vous êtes psycho ou quoi »
Qui n’a pas entendu :
« il devrait aller voir un psy » à l’attention d’une personne un peu
dépressive ou qui vient de vivre un moment douloureux (décès, divorce …)
La psychanalyse semble entrée dans
le sens commun. On s’y réfère ou plutôt on utilise régulièrement ses mots pour décrire un cas ou
une action bizarre.
Tiens, l’acte manqué n’est-il
pas souvent pointé quand un rendez-vous est oublié ? Quand un verre
échappe des mains et se brise ?
Le lapsus fait souvent rire
dans une assemblée. Dans certain cas il fâche. Ça montre bien que le lapsus est
empreint de vérité.
Oui la psychanalyse est bien
là et nous l’utilisons régulièrement et certainement parfois à tort et à
travers.
Pourquoi une topique ?
Mais d’où vient ce
vocabulaire ?
On le retrouve dans les
topiques psychanalytiques.
Topique vient du grec
ancien topo qui signifie lieu. Ce mot est actuellement principalement utilisé
en pharmacologie pour désigner un médicament qui cible son effet sur un endroit
précis du corps.
Les topiques en psychanalyse
ont été imaginées pour définir le lieu où se trouvent le souvenir et son
énergie associée.
Quelles
sont ces topiques ?
- La première topique de la psychanalyse
c’est « Inconscient – préconscient
/ conscient ». C’est bien évidemment la topique fondamentale sans
laquelle nous ne serions pas ensemble. Si tout était conscience, seule la
réflexion serait nécessaire. Et nous avons tous constaté et pas seulement dans
nos cabinet que l’explication rationnelle ne suffit pas à la compréhension et
encore moins à la disparition d’un symptôme. Notre inconscient possède une
telle force que même les êtres humains les plus intelligents n’y échappent pas.
Personne ne peut affirmer à 100% qu’il a pris une décision en pleine
conscience. Celui qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage.
- La deuxième topique de la
psychanalyse c’est :
Le
ÇA, le MOI (ou JE) et le SURMOI
La première topique ne définit
pas suffisamment le lieu. Autrement dit, elle ne comporte pas de notion
originelle. Avec cette topique nous l’avons.
Nous voyons déjà que se
dessine une matrice en deux dimensions où le ÇA est immergé dans l’inconscient, le MOI oscille entre inconscient/préconscient/conscient
mais également dans l’inconscient et où le SURMOI peine à être conscient.
Ces deux topiques semblent
être suffisantes en soi mais il manque une notion temporelle : elle y est
un peu présente dans la 2ème topique dans le sens où un bébé n’a pas
de MOI ni de SURMOI et qu’il le construit au fur et à mesure de son éducation.
Néanmoins, il est nécessaire
d’apporter une troisième dimension à ces deux topiques.
Sandor FERENCZI nous la
fournit sous la forme de matrice de croissance :
Assimilation
– Reproduction – Adaptation – Sélection.
L’être humain se développe en
suivant cette séquence correspondant à des âges particuliers.
Nous pouvons rapprocher ces
matrices de croissance aux stades définis par Freud :
Oral
– Anal – Phallique – Génital.
Nous ajoutons le stade Génital
(Freud ne l’a pas mis) qui, contrairement aux 3 précédents n’est pas
pathologique puisqu’il les a passés. Il est pourtant l’aboutissement de la
construction psychique d’un être humain.
A noter que ces matrices de
croissance se déclinent également pour tous les modes d’apprentissage. Avant de
maîtriser parfaitement une pratique il me faut assimiler puis reproduire ce
qu’on m’a expliqué, adapter cette pratique à mon environnement interne et
externe pour pouvoir sélectionner en toute connaissance de cause. Personne
n’échappe quel que soit son métier son activité etc…
La
matrice de lecture:
Nous avons donc dorénavant une
matrice en trois dimensions qui nous autorise une lecture du psychisme et de sa
construction.
Ces trois topiques forment un
être humain qui a grandi dans les matrices, qui a des pulsions, des interdits
et qui prend des décisions en toute conscience ou inconscience.
Si j’ai voulu aborder le thème
des topiques c’est pour rappeler que nous sommes des topiques. Chacun de nous
est une topique originale avec un ÇA un MOI et un SURMOI bien à lui, un
Inconscient et un Conscient unique et s’est développer d’une façon non
reproductible. Chaque être humain est unique mais est structuré dans ces
topiques.
Le
mouvement intra-topique .
Mais jusqu’à présent nous
avons parlé plus de statique que de mouvement.
En effet, nous avons décrit
des lieux avec du temps qui se superposent.
Cet aspect dynamique
intervient cependant dans la vie de tous les jours :
Nous savons que le MOI est
coincé entre le ÇA et le SURMOI. Je passe devant une vitrine d’un pâtissier et
j’ai envie de ce croissant aux amandes mais je risque d’arriver en retard à mon
rendez-vous : le MOI va choisir. Bien évidemment nous ne sommes pas dans
la pathologie, en tous cas en apparence.
Je dis « ma mère »
au lieu de dire « ma femme ». Ce lapsus classique donne une
indication quant à mon état d’esprit du moment : mon inconscient m’a donné
un indice.
Dans les matrices de
croissance, un nœud (une fixation) à un stade va bien évidemment compliquer
l’évolution d’un enfant dans la matrice suivante. Un risque de régression
pourra intervenir à l’occasion d’un choc émotionnel. Une force attirera le
psychisme vers ce nœud.
Nous voyons donc qu’à
l’intérieur d’une topique il y a du mouvement. Des forces qui s’opposent et que
la stabilité n’est pas de mise.
Que
faisons-nous de ces topiques ?
Une des valeurs ajoutées d’un
psychanalyste c’est reconnaître que du ÇA au stade Oral ce n’est pas la
même chose que du ÇA au stade Anal ; savoir identifier un type de névrose .
Le psychanalyste peut donc à
l’aide de ces 3 topiques comprendre l’appareil psychique. Mais tout ça on peut
l’apprendre à l’université et tout le monde, qui a pris le temps de lire et
d’étudier, peut s’autoriser à parler du ÇA du MOI du SURMOI de l’inconscient,
de tenter d’analyser un lapsus, un acte manqué.
Ce n’est que du savoir. Il
manque le savoir-faire.
La séquence
de la Psychanalyse Active
La psychanalyse n’est pas une
science mais une pratique. Bien évidemment cette pratique n’a pu être mise en
œuvre parce que Freud, Ferenczi et bien d’autres ont mené des recherches ayant
abouti, entre autres, à ces trois topiques.
Qu’est-ce qui donne une
dimension curative à la connaissance de ces 3 topiques ? Rien…sauf 2
choses :
1-
La rencontre d’un analysant et d’un psychanalyste
ayant chacun une construction topique originale, l’un sachant parfaitement
naviguer à l’intérieur des topiques et l’autre cherchant à mieux vivre et
connaissant son histoire.
2-
La mise en œuvre d’une séquence connue écrite par
Freud et améliorée par Ferenczi: associations
libres sur le divan pour émergence des prises de conscience et de l’abréaction.
La Psychanalyse Active a amélioré
cette séquence par l’enregistrement des associations libres et
l’utilisation des technologies modernes.
Associations
libres enregistrées sur le divan.
Emergence
des prises de conscience et de l’abréaction.
La
dynamique dans les topiques
« L’avenir de la
technique psychanalytique passera par l’activité du Psychanalyste » a
écrit Freud dans la technique psychanalytique.
La création d’une dynamique
entre les trois topiques, sclérosées ou sclérosantes pour un névrosé, va être activée
par le psychanalyste, le but étant de dénouer ou de lever la fixation.
Et c’est là qu’intervient le
savoir-faire.
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